#EoF: les récits - La chercheuse vénézuélienne Eveling Sánchez Mendoza s’intéresse à la situation critique des jeunes entre chômage croissant et exploitation
de Maria Gaglione
publié sur Avvenire le 07/03/2020
« Au Venezuela, la crise économique s'est aggravée ces dernières années et le nombre de personnes en situation de pauvreté a augmenté. L’économie du pays - explique Eveling Sánchez Mendoza - dépend largement du pétrole (dont le Vénézuéla est l'un des premiers producteurs et exportateurs mondiaux), ainsi que d'autres ressources minières. Mais l'exploitation des gisements crée des dommages irréversibles à notre maison commune, la Terre Mère. Je n'ai pas l'intention de céder au désespoir, je veux faire partie de la solution, proposer des alternatives en vue du bien commun ».
Eveling est-elle une militante engagée dans quelque ONG ? Sans attendre sa réponse, nous lui demandons sur quoi elle travaille. «Le management. À l'Université Centrale du Venezuela, je mène un projet de recherche sur la durabilité du management Les stratégies adoptées par les entreprises suivent les lignes directrices établies par les «cadres supérieurs» des entreprises qui se concentrent sur l’atteinte d’objectifs prédéfinis par la vision de l'organisation. Des stratégies de gestion bien conçues et suivies en permanence. Mon étude examine les critères clés qui permettent une planification et un suivi efficaces des stratégies de gestion dans certains types d'entreprises (sociétés d'audit) pour assurer une gestion efficace des affaires.J'ai essayé d'identifier les principaux modèles et les éléments fondamentaux nécessaires à la conception et au suivi des stratégies adoptées par les sociétés de services financiers. J'ai également étudié les mécanismes utilisés par la direction pour définir des stratégies et décrire les critères d'évaluation utilisés. Pour les entreprises que j'ai étudiées, disposer des critères clés pour réaliser une évaluation complète de leur gestion est un outil indispensable pour mesurer les résultats et reconnaître les principales causes pouvant conduire à des défaillances, rechercher des réponses qui réorientent les processus décisionnels et adopter des mesures correctives appropriées, également en termes de responsabilité de gestion et de durabilité ». Les études d'Eveling nous conduisent à faire une réflexion plus large dans un domaine sur lequel on réfléchit peu aujourd'hui. De nombreux économistes déclarent en effet que si nous ne changeons pas rapidement de paradigme, en plus de détruire la planète, nous allons détruire également les biens communs et les biens relationnels.
Une réflexion qui nous pousse à considérer la non-durabilité environnementale comme un phénomène qui parle également d'autres non-durabilités. Par exemple, celle de la gouvernance d'entreprise. En effet, si d'une part il y a beaucoup de jeunes qui ne travaillent pas, d'autre part il y en a trop qui travaillent trop, exploités par une manière de comprendre le management et l'entreprise qui les soumet à des rythmes insoutenables et accélérés. Par conséquent, si les entreprises ne reconsidèrent pas les relations de travail en leur sein, si elles ne libèrent pas de l'espace et du temps pour les travailleurs, en concevant un nouveau management respectueux des personnes, il est difficile qu’elles réussissent à respecter et sauver la planète. «Il me semble que la spiritualité de François - conclut Eveling - continue d'inspirer des hommes et des femmes dans de nombreux domaines de la vie et du travail; des gens qui veulent faire de leur vie un don pour les autres, surtout pour les plus petits. Moi aussi, j'aimerais que ma vie soit riches d'engagements beaux et utiles à ceux que je rencontre. Et en tant que chercheuse et universitaire, je veux mettre mon travail au service des frères les plus vulnérables. Je veux construire une nouvelle économie ».